Dans un entretien avec M. Jean-Jacques BOURDIN sur RMC le vendredi 5 Avril 2019, le Ministre de l’Éducation Nationale, M. Jean-Michel BLANQUER, a évoqué la possibilité de «sanctionner financièrement les parents dont les enfants seraient violents» …
La Confédération Syndicale des Familles a immédiatement réagi sur le plateau de BFM TV en s’opposant fermement à cette proposition.
Pour La CSF cette proposition est …
… injuste car elle impactera d’abord les familles les plus précarisées qui, en plus des difficultés éducatives inhérentes à cette situation, devront face à une situation encore plus complexe. La violence scolaire peut venir de n’importe quel milieu social et peut avoir de multiples traductions (harcèlement numérique, violence physique, moquerie, …)
… stigmatisante car en s’attaquant au porte-monnaie des familles, on induit l’idée que ce sont les enfants des familles en situation de précarité qui sont les plus violents. Sanctionner les enfants violents des familles aisées n’aurait pas (ou peu) d’impact au niveau financier. Et cela induit également un classement des parents en deux catégories : ‘bons’ et ‘mauvais’.
… inefficace car en ponctionnant les parents, on ne résoudra pas le problème de la violence des enfants dans les classes. Comment peut-on imaginer (sérieusement) qu’un enfant cessera d’être violent le jour où ses parents auront une amende ?
… réductrice car la violence des enfants peut parfois trouver ses origines dans le contexte familial mais ce n’est bien souvent pas la seule cause. Les images violentes sur Internet, l’influence des camarades de classe, … sont autant de raisons qui peuvent alimenter la violence.
La CSF rappelle que :
– il y a pour chaque classe des parents d’élèves qui sont en mesure de pouvoir dialoguer avec les professeurs
– des espaces et des moments de dialogue parents-professeurs doivent exister dans chaque établissement (par l’intermédiaire des espaces parents dans les collèges par exemple)
– des instances existent pour se pencher sur ce type de problématique : le ‘Conseil de Classe’ en premier lieu, le ‘Conseil de Discipline’ en second, et en dernier recours : la justice pour mineur.
Pour autant, l’augmentation de 7 % des incidents scolaires entre 2017 et 2018 montre qu’il y a bien un vrai enjeu de société sur cette question et qu’il est nécessaire d’y apporter des réponses .
C’est pourquoi La CSF exige que le gouvernement :
– s’appuie sur les structures et dispositifs qui existent déjà en renforçant leurs moyens.
– (re)donne une place aux associations qui accompagnent les familles sur le terrain et notamment au sein de l’école.
– informe les parents sur les dispositifs existants comme le Réseau d’Aide et d’Appui à la Parentalité.
– renforce la formation des professeurs sur le lien à maintenir avec les parents et l’attitude à adopter lorsque la situation d’un enfant est ‘critique’.
– laisse (beaucoup) plus de place aux structures sociales et culturelles qui permettent aux familles de s’exprimer, de jouer, de s’amuser, d’apprendre ensemble.
La CSF ne laissera donc pas passer cette proposition sans la dénoncer avec la plus grande fermeté !
Contact / Johan JOUSSEAUME
jjousseaume@la-csf.org