Un Principe Fondamental depuis 1946 : l’Éducation Populaire !

L’éducation populaire constitue l’originalité de notre syndicalisme familial.

A l’origine, l’éducation populaire est un projet de transformation sociale, de formation des citoyens pour instaurer une nouvelle société. Et même si l’éducation populaire semble aujourd’hui être un anachronisme tant le système social et culturel humaniste et collectif a été remplacé par l’individualité et une culture de société de consommation, certains la présente comme une des dernières utopies auxquels les gens adhèrent.

La Démarche d’Éducation Populaire selon La CSF

A La CSF, la démarche d’éducation populaire apporte cohérence à la définition et à la vie de son projet politique et pertinence, force et justesse aux actions réalisées et aux revendications portées.

Cela a permis à des générations de militants d’apprendre des uns des autres, à écouter les familles, à mettre en place des actions pour défendre leurs droits, à décrypter les rouages de la société et à trouver des solutions alternatives à leurs difficultés.

L’objectif est de mettre les personnes en situation de FAIRE :
– C’est reconnaître toute personne capable de développer les potentialités qu’elle porte en elle
– C’est permettre aux exclus de notre société de retrouver un statut social,
– C’est donner une chance de reprendre du pouvoir sur sa vie
– C’est favoriser la solidarité
– C’est permettre la promotion individuelle de chacun par l’action collective

Concrètement, la démarche d’éducation populaire c’est quoi ?

Nous faisons de l’éducation populaire dans toutes nos démarches, quel que soit le domaine d’action : logement, consommation, éducation, parentalité, éducation, loisirs et culture… même si nous avouons le faire sans vraiment s’en rendre compte, sans vraiment savoir exactement comment le définir tant la notion nous semble abstraite.

La CSF est un lieu de formation permanente.

Depuis son origine, La CSF a gardé une définition politique de son action avec la volonté de transformer la société. Elle définit sa démarche comme permettant aux familles d’apprendre les unes des autres, de décrypter les rouages de la société et de trouver des solutions alternatives à leurs difficultés.

Même si La CSF organise des formations indispensables à l’acquisition de nouvelles compétences, c’est ce mélange subtil entre les temps réels de formation et la transmission des savoir-faire (rendu possible par la qualité des échanges et la capitalisation des acquis des expériences entre les militants) qui permet de dire que La CSF est un mouvement d’éducation populaire.

La qualité de l’animation de réseau permet à ses membres d’apprendre tout au long de leur vie à travers l’action, d’avoir les clés pour comprendre leur environnement, le monde dans lequel on vit, de développer des compétences, de les valoriser.
L’éducation populaire est présente dans toute notre action au quotidien : logement, consommation, éducation, parentalité, loisirs, culture. C’est le cas dans les ateliers de vie quotidienne, les ateliers cuisine, couture, les réunions de quartiers, les permanences logement et consommation, les réunions de locataires, la préparation de départ en vacances, les actions interculturelles, les Groupes de Parents d’élèves, les groupes de parents, la mise en place de services…

Lorsque les personnes s’engagent dans une action, elles découvrent le collectif avec toutes les capacités d’ordre relationnel : écoute, échange, goût du contact, mise en relation, les compétences et savoir-faire : « la prise d’initiative, le sens de l’organisation, le sens de la responsabilité, la prise de parole, la communication, la conduite d’une enquête, la recherche de solutions, l’imagination, la créativité ».
Au cours de l’action, des temps de formation plus formels sont vite nécessaires : apprendre à argumenter, à négocier, à connaître les institutions et leur politique, à adapter des stratégies, à rédiger un communiqué, à connaître le fonctionnement associatif…

L’éducation populaire est le contraire de l’assistanat.

C’est reconnaître toute personne capable de développer les potentialités qu’elle porte en elle. Tant de valeurs, de savoir-faire, de savoir-être sont étouffés par la culture dominante, la consommation, la compétitivité, l’individualisme, la loi de l’argent, le chômage et l’exclusion. Par son action globale et son ancrage dans les milieux populaires, La CSF doit permettre l’émergence et la reconnaissance de cultures propres aux familles populaires.

L’expression des situations d’injustice : une première forme de résistance.

Dans son action au quotidien, La CSF permet l’expression des familles. Les familles ont besoin de mettre des mots sur ce qu’elles vivent. La prise de parole, l’indignation sont déjà une forme de résistance.

D’une expression des situations à une analyse, à une conscientisation.

Qu’il s’agisse d’un accueil individuel ou d’un accueil collectif, d’une action individuelle ou collective, le militant ou le salarié qui accueille les personnes, part de ce qui les affecte, fait avec elles une co-analyse de la situation évoquée et construit avec elles, des réponses permettant de dépasser la difficulté.
L’expression collective permet de dépasser une vision individuelle des problèmes, de découvrir la dimension collective des situations, de prendre conscience que les problèmes de chacun sont souvent les problèmes de tout le monde, d’où l’intérêt de mettre en commun nos forces et nos moyens pour agir.
Dans cette démarche collective, nous apprenons tous les uns des autres, nous pratiquons le partage et l’échange de savoirs, de savoir-faire, l’expertise de chacun et de tous ; ceci contribue à redonner confiance aux personnes.

S’exprimer, observer pour comprendre, comprendre pour agir.

Il s’agit pour les personnes d’apprendre à voir, à observer. L’action de comprendre s’appuie sur l’observation. L’accompagnement des personnes par le militant ou le salarié permet de faire apparaître les contradictions, de les mettre en mots, de les expliquer pour les dépasser, de confronter les idées, de débattre, de découvrir et de s’approprier les clés pour comprendre les situations vécues, l’environnement, le fonctionnement de la société, de construire l’action, de la conduire, de l’évaluer, d’en estimer sa valeur, de la valoriser, d’en dire le sens, de communiquer sur l’action, de faire savoir. L’action menée permet aux personnes d’apprendre à faire ensemble, de s’approprier des connaissances, des savoir-faire et de les réinvestir dans une nouvelle action.

Une démarche qui prend du temps.

Parfois, face à des familles en très grande difficulté, en situation d’urgence, face à la carence de moyens financiers et humains, il n’est pas toujours facile de prendre le temps de redonner confiance, de faire confiance, de permettre de faire, de faire avec (et non de faire pour ou à la place de). Or, il faut du temps pour permettre aux personnes de faire une démarche de conscientisation, de progresser à leur rythme.

Les valeurs de l’éducation populaire au cœur de l’action.

L’expression de chacun est respectée. La solidarité et l’entraide sont les clés de la réussite. La prise de conscience invite chacun à reprendre sa vie en main, à être plus autonome, à la transformer, à transformer son environnement, à être un citoyen actif et à exercer progressivement des responsabilités.
La prise de décision collective, l’action menée collectivement permet l’exercice de la démocratie et développe les capacités à vivre ensemble. L’éducation populaire reconnaît la culture de tous et concerne tous les domaines de la vie : les pratiques culturelles, l’art, les loisirs, la politique.
A partir des années 1970, les associations des habitants des grands ensembles se mobilisent pour revendiquer une meilleure implantation des services publics dans leurs quartiers, ainsi que des équipements pour les enfants.
Pour La CSF, une politique publique ne peut être dissociée des modes de vie, elle ne peut réussir que si elle repose sur la participation des habitants. Aujourd’hui, les habitants et leurs représentants revendiquent d’être reconnus dans leurs capacités d’experts de l’usage. Cette position interroge la relation entre pouvoir et savoir souvent construite grâce à l’apprentissage direct dans l’action.

L’expertise populaire permet d’exercer une forme de citoyenneté, permettant de construire avec les pouvoirs publics, les institutions, des références communes, conditions de l’appropriation et de l’acceptation de décisions publiques, parce que négociées. La participation des citoyens n’implique pas forcément une remise en cause des actions publiques, elle traduit leur volonté de s’approprier la chose publique en tant que citoyens responsables. Elle permet de reconnaître leur capacité d’expertise et leur légitimité à agir.